"Depuis le début, les Européens se sont égarés dans le Pacifique: tous ces explorateurs qui, rencontrant des îles déjà peuplées durant leurs navigations erratiques, prétendaient avoir fait une découverte. On oublie que les insulaires ont en même temps découvert les explorateurs, assurément avec une certaine surprise et quelque désespoir. Mais comme il leur fallut plusieurs années pour maîtriser les graffitis que les visiteurs appelaient « écriture », la prétention européenne d’avoir fait des découvertes eut une longueur d’avance dans les livres d’histoire. […] Au bon vieux temps, des Caucasiens entraînés par la curiosité pouvaient jeter l’ancre dans un nouveau port sans aucune permission, et être félicités ensuite pour leurs explorations audacieuses et pour avoir agrandi les dimensions de l’humanité. Mais les insulaires qui font de même aujourd’hui sont désignés comme des « sans-papiers ». Loin d’être félicités pour leur audace, ils sont bien vite renvoyés de l’autre côté de l’horizon." (Ulafala Aiavao, 1994).
Il s'agit donc maintenant de donner toute la place possible à l'histoire que les insulaires auraient pu raconter, à la manière dont ils durent faire, pour leur compte, la découverte des Européens. Pour que cette histoire puisse se développer, il importe que chacun puisse "relire" de son propre point de vue les récits des premières rencontres. Il faut donc rendre ces récits accessibles à tous, et en premier lieu aux populations concernées. Cette "restitution" consiste à identifier les récits encore non publiés, les transcrire, et, même pour ceux déjà publiés, à les traduire. Pour le moment, la traduction se limite à rendre accessible en français ce qui était en anglais et inversement. On peut espérer que d'autres envisageront aussi de traduire ces récits dans les langues locales ou véhiculaires des divers archipels concernés.
A long terme, ce programme concerne tout le Pacifique. Pour le moment, quelques opérations ont été conduites...
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